La presse rend surtout ce que les revendications du Manifeste pour la place scientifique suisse ont d’alarmiste et de plaintif. Ce qu’il y a de positif dans les revendications du Manifeste – "Il s’agit de favoriser l’éclosion des forces qui ont fait la prospérité et le rayonnement de notre pays : la passion du savoir, l’exigence de perfection, la créativité et l’esprit d’entreprise." - est absent des gazettes ou peu mis en avant.
Au premier plan, on retrouve le "cri d’alarme" lancé par Gottfried Schatz. Le président du Conseil suisse de la science et de la technologie relève dans le Tages-Anzeiger : "Notre procédé est inhabituel, et peut-être que nous n’avons pas le droit d’agir ainsi." Pour lui, ajoute le quotidien zurichois, les questions de forme sont toutefois devenues secondaires face à la crise qui s’étend toujours plus sur la place de la recherche suisse. Et Gottfried Schatz de préciser : "Nous sonnons l’alarme."
"Cri d’alarme des milieux de la science", annonce également L’Agefi en première page. Le quotidien des affaires publie l’entier du texte du Manifeste, que son éditorialiste qualifie de "manifeste de raison et d’urgence civique." Une urgence peu comprise, regrette-t-il plus bas : "Au pays des petits nains et des compagnies aériennes que l’on renfloue à coups de centaines de millions en extorquant le contribuable pour une cause non stratégique (sans doute perdue), le savoir n’est tout simplement pas une priorité."
L’Agefi met également en avant les bémols des milieux économiques, affirmant notamment que "les patrons d’entreprise ne semblent pas prêts à s’engager aveuglément et à n’importe quel prix dans une course à l’investissement scientifique." Rudolf Waltz d’Economie suisse précise ainsi les limites de son soutien au Manifeste affirmant "qu’on ne peut pas traiter ces revendications en dehors de la bataille récurrente dans la distribution des moyens de l’Etat qui restent limités."
L’article d’Edgar Bloch qui rend compte de la conférence de presse des auteurs du Manifeste est aussi publié dans La Liberté et L’Express. Il fait par de la "croissance de budgets de 5% en 2002 et 2003 dans le domaine des universités, des EPF, des HES et de la recherche publique", croissance jugée trop modeste par le journaliste. Plus loin, il reprend l’avertissement de Gottfried Schatz : "Sans investissements massifs dans ces secteurs, la Suisse deviendra une province de seconde zone sur le plan scientifique."
Le Temps observe que si le nombre d’étudiants dans les hautes écoles a augmenté de 50% depuis 1980, les crédits à la recherche ont stagné dans les années 90. "Selon le président du Conseil des écoles polytechniques fédérales (EPF), Francis Waldvogel, le dérapage remonte à 1995." La Basler Zeitung commence son article en citant le journal allemand Die Zeit pour qui la Suisse serait très en avance sur l’Allemagne en matière de politique scientifique. Et cela parce que le Fonds national "a béni le premier projet de recherche suisse avec des cellules souches embryonnaires" alors que le pendant allemand du Fonds national attend les prises de position des milieux politiques et éthiques.