Le nu artistique qui, de "Déjeuner sur l'herbe" en "Origine du monde",
en a fait frémir plus d'un, vit-il ses derniers soubresauts ? Rien
n'est moins sûr. Visite, pour s'en convaincre, chez un peintre, des
photographes et quelques architectes de l'EPFL qui appréhendent les
mille facettes de cette forme ultime du portrait de l'intimité. Si
l'Ecole supérieure des beaux arts de Genève a abandonné le nu
artistique, jugé dépassé, l'ENAC, on résiste. Et chaque vendredi, une
centaine d'étudiants se réunissent autour de trois modèles, qui sont
rhabillés chaque fois que les dessinateurs ne trouvent pas d'endroit
protégé des regards indiscrets pour les croquer sur le papier, rappelle
"24 Heures". Le dessin de nu a toujours fait partie de la formation
classique de l'architecte, précise-t-on à l'EPFL, et cette belle
tradition est issue des Grecs qui nous rappellent, encore et toujours,
que l'architecture est la seconde peau des êtres humains.